Pluto par Urasawa
Etrangement je ne vous ai pas encore parlé de Naoki Urasawa sur ce blog et il est grand temps de remédier à cet oubli alors que je viens de dévorer les 2 premiers tomes de sa nouvelle série qui parait actuellement chez kana : 'Pluto'.
C'est bien simple, Urasawa est pour moi aussi important que ne le fût Otomo à la fin des années 80 lorsque plein d'exaltation je me rendais chez le marchand de journaux pour acheter les fascicules d'Akira'.
J'ai ressenti cette même évidence en lisant '20 th Century Boys' au début des années 2000, sa première série publiée en France. Cet artiste sort décidément des sentiers battus de la pléthorique production qui nous vient du Japon.
Son travail mérite qu'on s'y arrête sérieusement.
Urasawa donne envie de lire ses histoires et ce quelque soit le public. Un peu à l'image d'un Tanigushi, il attire dans ses filets des lecteurs qui d'ordinaire ne lisent pas de mangas ou même de bande dessinée. Merci au bouche à oreille, pour '20 th century boys', j'ai du le faire lire à au moins 30 personnes autour de moi.
Plongeons maintenant au coeur de son travail.
Les livres d'Urasawa reprennent souvent le même canevas depuis 'Monster' (sachant que je n'ai pas lu sa production antérieure), une trame polar/thriller feuilletonnante, des crimes, du mystère, des disparitions, un complot, un personnage machiavélique qui manipule en coulisses, le tout mis en action par des personnages bien encrés dans le quotidien (un medecin, un épicier, un flic).
Urasawa n'a pas son pareil pour caractériser des personnages dans des situations.
Passé maitre dans l'art du feuilleton, il réalise le grand écart parfait entre son intrigue de fond à rallonge et ses personnages qu'il fait exister par des digressions comme on en voit peu. Il se permet de prendre 30 pages pour nous présenter un personnage secondaire, c'est par exemple le cas dans le Tome 1 de 'Pluto' qui offre une des plus belles séquences que j'ai lu récemment.
Dans un futur proche, robots et humains vivent ensemble, un vieil hermite aveugle et musicien qui ne porte pas les robots dans son coeur se retrouve flanqué d'un nouveau majordome qui se trouve être un robot. Un de ceux qui ont passé de nombreuses années à faire la guerre contre d'autres robots dans le 39 ème conflit asiatique. Une difficile et touchante relation va se nouer entre les 2 personnages. Les dialogues sont magnifiques. Je n'avais pas vu ce bon vieux thème de l'intelligence artificiel traité de manière aussi brillante depuis un long moment.
Cette longue séquence sert très peu le récit au long cours finalement mais quel plaisir d'avoir pris le temps de nous avoir fait existé ces personnages et de nous les avoir rendu attachant.
Autre séquence formidable, la rencontre entre Gesicht, l'enquêteur qui traque le tueur aux cornes et Brau, le seul Robot ayant jamais tué un être humain. Les humains lui ont réservé un sort peu enviable.
Une séquence qui met mal à l'aise. Ces 2 robots parlent ensemble et nous disent mine de rien des choses terribles sur les humains. Les humains veulent comprendre pourquoi Brau a tué un humain alors que tout ses programmes fonctionnaient parfaitement.
Le débrancher définitivement signifierait pour l'humain qu'il a abdiqué, puisqu'il ne trouve pas d'explication et cette seule idée lui est plus insurportable que l'acte en lui même.
Dessinateur réaliste, Urasawa donne le meilleur de son trait dans les expressions des personnages et dans le rythme de son découpage. Son dessin est indissociable de ce qu'il raconte. Il dessine très bien parce qu'il raconte très très bien.
'Pluto' est au final une lecture hautement recommandable.
Le second tome est un peu moins riche que le premier mais très agréable à lire et surtout il donne très envie de poursuivre l'exploration de cet univers futuriste.
On a parfois et à juste titre reproché à Urasawa de ne pas savoir terminer ses histoires.
Avec lui c'est le parcours qui compte plus que l'arrivée. Cette fois-ci, 'Pluto' qui évoque Pluton le dieu des enfers dans la mythologie Romaine, est déjà bouclée au Japon et compte 8 tomes seulement.
Le Tome 3 sort en Avril.
Cyrus
C'est bien simple, Urasawa est pour moi aussi important que ne le fût Otomo à la fin des années 80 lorsque plein d'exaltation je me rendais chez le marchand de journaux pour acheter les fascicules d'Akira'.
J'ai ressenti cette même évidence en lisant '20 th Century Boys' au début des années 2000, sa première série publiée en France. Cet artiste sort décidément des sentiers battus de la pléthorique production qui nous vient du Japon.
Son travail mérite qu'on s'y arrête sérieusement.
Urasawa donne envie de lire ses histoires et ce quelque soit le public. Un peu à l'image d'un Tanigushi, il attire dans ses filets des lecteurs qui d'ordinaire ne lisent pas de mangas ou même de bande dessinée. Merci au bouche à oreille, pour '20 th century boys', j'ai du le faire lire à au moins 30 personnes autour de moi.
Plongeons maintenant au coeur de son travail.
Les livres d'Urasawa reprennent souvent le même canevas depuis 'Monster' (sachant que je n'ai pas lu sa production antérieure), une trame polar/thriller feuilletonnante, des crimes, du mystère, des disparitions, un complot, un personnage machiavélique qui manipule en coulisses, le tout mis en action par des personnages bien encrés dans le quotidien (un medecin, un épicier, un flic).
Urasawa n'a pas son pareil pour caractériser des personnages dans des situations.
Passé maitre dans l'art du feuilleton, il réalise le grand écart parfait entre son intrigue de fond à rallonge et ses personnages qu'il fait exister par des digressions comme on en voit peu. Il se permet de prendre 30 pages pour nous présenter un personnage secondaire, c'est par exemple le cas dans le Tome 1 de 'Pluto' qui offre une des plus belles séquences que j'ai lu récemment.
Dans un futur proche, robots et humains vivent ensemble, un vieil hermite aveugle et musicien qui ne porte pas les robots dans son coeur se retrouve flanqué d'un nouveau majordome qui se trouve être un robot. Un de ceux qui ont passé de nombreuses années à faire la guerre contre d'autres robots dans le 39 ème conflit asiatique. Une difficile et touchante relation va se nouer entre les 2 personnages. Les dialogues sont magnifiques. Je n'avais pas vu ce bon vieux thème de l'intelligence artificiel traité de manière aussi brillante depuis un long moment.
Cette longue séquence sert très peu le récit au long cours finalement mais quel plaisir d'avoir pris le temps de nous avoir fait existé ces personnages et de nous les avoir rendu attachant.
Autre séquence formidable, la rencontre entre Gesicht, l'enquêteur qui traque le tueur aux cornes et Brau, le seul Robot ayant jamais tué un être humain. Les humains lui ont réservé un sort peu enviable.
Une séquence qui met mal à l'aise. Ces 2 robots parlent ensemble et nous disent mine de rien des choses terribles sur les humains. Les humains veulent comprendre pourquoi Brau a tué un humain alors que tout ses programmes fonctionnaient parfaitement.
Le débrancher définitivement signifierait pour l'humain qu'il a abdiqué, puisqu'il ne trouve pas d'explication et cette seule idée lui est plus insurportable que l'acte en lui même.
Dessinateur réaliste, Urasawa donne le meilleur de son trait dans les expressions des personnages et dans le rythme de son découpage. Son dessin est indissociable de ce qu'il raconte. Il dessine très bien parce qu'il raconte très très bien.
'Pluto' est au final une lecture hautement recommandable.
Le second tome est un peu moins riche que le premier mais très agréable à lire et surtout il donne très envie de poursuivre l'exploration de cet univers futuriste.
On a parfois et à juste titre reproché à Urasawa de ne pas savoir terminer ses histoires.
Avec lui c'est le parcours qui compte plus que l'arrivée. Cette fois-ci, 'Pluto' qui évoque Pluton le dieu des enfers dans la mythologie Romaine, est déjà bouclée au Japon et compte 8 tomes seulement.
Le Tome 3 sort en Avril.
Cyrus